Le jardin des Grand'mères Cèdres
et ses sujets
Faire avec le temps qui passe, le temps qu'il fait...ses concordances, ses conjugaisons, son haut verbe et ses sujets.
Le temps...
" Etant d'abord récit, le jardin convoque le temps plus que le lieu. Temps du travail. Celui du jardinier, et non de la nature, dont il n'y a nulle histoire et aucune gloire à tirer. Personne ne parle autant du temps que le jardinier. Temps de saison, temps qu'il fait et temps que les choses mettent à pousser. Temps accordés à la lune et aux superstitions, temps de planter, temps de ramasser. Un jour de plus et les cerises sont envolées : les oiseaux connaissent le temps, et qu'il faut le saisir. "
Anne Cauquelin : Petit traité du jardin ordinaire
Dans le temps : histoire
La modeste maison du garde-chasse faisait partie du domaine de Coulon ; un ensemble élaboré en croix et bâti sur une assez large superficie : demeure seigneuriale et ses communs, chapelle, garde-chasse, maison du jardinier et potager, domaine agricole. Le château actuel, d’inspiration flamande, construit au XIXème siècle, fut rajouté à une partie primitive qui date de 1569, certainement un relais de chasse.
Ce lieu était une friche, la maison et son chenil en partie en ruines, laissé à l’abandon aux lapins et aux chouettes pendant de très nombreuses décennies. Nous nous y sommes installés en 1976. S’étaient développés autour des grands cèdres, et en toute liberté, arbres et arbustes, quelques uns exotiques mais pour la pluspart endémiques. Ainsi s’est créé avec des agrandissements successifs, le jardin « des Grand’mères Cèdres » avec sa clairière et sa maison, ses clos et cours, son potager, ses vergers, ses cheminements ombragés, ses lisières et ses prés...
On peut voir sur d’anciennes plaques en verre, devant la maison, trois petits cèdres
datant environ des années 1880 et qui sont maintenant emblématique du lieu
«des Grand-mères Cèdres» par leur majesté et leur souveraine présence. Le chêne
à droite de l'image avait une quarantaine d'années. Des chevaux dans les années
1980 l'on fait dépérir en rognant à sa base l'écorce.Il est présentement couché dans
le pré et conservé tel quel.
Dans les temps très anciens : La légende des Arikaras des « Grand’mères Cèdres »
« La Grand’mère Cèdre a été abattue dans les mystérieuses Mauvaises Terres, et trainée avec peine jusqu’au voisinage du camp.
Là de nouvelles cérémonies ont lieu jusqu'à ce que finalement les porteurs soulèvent et apportent l’arbre à l’intérieur du cercle de campement rituel, pour qu’il soit accueilli par un peuple en joie et accablé de cadeaux.
Une fois de plus la procession reprend, tandis qu’on emporte l’arbre à l’extérieur et qu’on l’érige non loin de Grand-père Rocher, pour qu’il y reste dressé jusqu'à ce que le dégel du printemps suivant venu, la glace se brise sur le Missouri.
Les mères de famille attacheront alors à ses branches les chaussures usées de leurs jeunes enfants, et la Grand-mère Cèdre sera confiée aux flots en cru du Missouri. Sur des milles en aval, disent les Arikara, du haut des escarpements où vivaient leurs ancêtres, les esprits des Anciens de la tribu seront aux aguets, et quand ils verront le grand nombre de mocassin d’enfants attachés aux branches de l’arbre flottant, ils seront heureux dans le royaume des esprits, car ils sauront que la tribu reste puissante sur la terre. »
Hartley Burr Alexander, le cercle du monde